La complainte
La complainte trouve son origine dans le planctus , récit religieux des Latins, et dans la chanson narrative des troubadours (XIe-XIIe siècles).
Poème de forme variable qui raconte les malheurs d'un personnage,
historique ou fictif, ou du poète lui-même (voir Rutebeuf).
Le texte évoque souvent un mort célèbre en relatant
ses actions mémorables et ses bienfaits et en pleurant sa disparition;
la complainte était proche, surtout au début, de l'oraison
funèbre.
C'est un genre de la littérature populaire, pratiqué
par nombre d'auteurs, la plupart anonymes.
Elle est destinée à être chantée ou récitée,
d'où l'utilisation assez courante de couplets et de refrains.
La présence de l'auditoire et, partant, de la communauté
où vit le poète, est fréquemment suggérée
dans le texte: par exemple, l'auteur s'adresse souvent à ses
auditeurs au début de la complainte pour attirer leur attention.
La complainte peut parfois avoir un caractère satirique ou
comique (la Complainte de Fualdès).
- À partir du XVIe siècle, la complainte se voit souvent
intégrée à d'autres genres poétiques comme
la consolation, la déploration et l'élégie. Au
XIXe siècle, Jules Laforgue écrit des complaintes tout
à fait personnelles en s'inspirant du caractère populaire
et satirique de certaines vieilles complaintes.
En résumé, c'est un poème populaire de tonalité
triste en principe construit sur deux rimes et à forme relativement
libre. Dans la poésie moderne, souvent l'idée de mort
y est mise en scène.
Auteurs et oeuvres.
Colin Muset (XIIIe siècle).
Rutebeuf (v.1230-v.1285), la Complainte Rutebeuf.
Alain Chartier (v.1385-v.1433), Complainte du pauvre commun
Jules Laforgue (1860-1887), Complaintes.